– Pierre-Marius JAFFEUX, héros de la Grande Guerre

par Patrick Darbeau le 24 avril 2019

Nous pensons tous que la guerre est la pire des choses…

Et si elle est le théâtre de scènes les plus affreuses qui donnent envie de quitter à jamais le monde des hommes, elle est aussi le lieu fortuit pour révéler son courage, sa bravoure et sa solidarité, qui ne sont pas les pires manifestations de la conscience humaine.

Démonstration avec l’exemple de quelques héros issus de ma famille.

Courage et sang froid pour défendre la Nation

Pierre-Marius JAFFEUX
Pierre-Marius JAFFEUX (1886->1936)

Pierre-Marius JAFFEUX voit le jour le lundi 24 mai 1886 à Thuret (Puy-de-Dôme), une petite commune de Limagne à mi-chemin entre Riom et Vichy. 

Il est le fils légitime de François JAFFEUX, cultivateur, âgé de 31 ans et de Anne DARBEAU dite Aline, domestique, âgée de 32 ans, tous deux également originaires de Thuret. A sa naissance, il a une soeur Marie Joséphine (née en 1880).

Pierre-Marius sera Cultivateur.

Il est le cousin germain de mon grand-père paternel Antoine DARBEAU ; Pierre-Marius et Antoine sont très proches l’un de l’autre, puisque nés la même année.Ils fréquentent la même école et vont ensemble au catéchisme.

Mon lien de parenté avec Pierre-Marius JAFFEUX

En 1901, Pierre-Marius figure au recensement effectué à Thuret ​​​​et vit donc avec ses parents, et sa soeur Marie Joséphine de six ans son ainée.

En 1906, il exerce la profession de domestique de ferme. C’est un homme d’assez grande taille (1 m 77).

En 1906, après le fameux tirage au sort où il se verra attribué le n° 41, il se soumettra, avec ses huit autres camarades domiciliés à Thuret (dont mon grand-père Antoine DARBEAU cité plus haut), à la visite du Conseil de révision et sera déclaré « bon le service ». Ensuite, ce sera la traditionnelle photo des conscrits de la classe 1906, photo retrouvée chez mes grands-parents à Thuret.

Classe 1906 de Thuret
Au 2ème rang (de g. à d.) :  Marius Guinard (n° 17) – Antoine Darbeau (n° 28) –
Célestin Astier (n° 32) – Annet Morin (n° 70)
Au 1er rang  (de g. à d. après les deux musiciens) : Claude Seguin (n° 3) – Jean-Pierre Coursol (n° 76) –
Joseph Bardin (n° 67) – François Matheron (n° 62) – Pierre-Marius Jaffeux (n° 41)
(Les conscrits ont été identifiés à partir des n° de tirage qu’ils portent sur leur chapeau)



Pierre-Marius JAFFEUX est appelé à faire son service militaire en 1907 (Classe de mobilisation 1906 – Registre matricule 379). Parti pour rejoindre le 86ème régiment d’Infanterie, il arrive au corps le 8 octobre 1907 et immatriculé sous le n° 7653 comme soldat de 2ème classe. Envoyé dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1909, et donc libéré, le certificat de bonne conduite lui est accordé.

De retour à Thuret, Pierre-Marius reprendra à contrecoeur, son métier d’ouvrier agricole. Mais il n’a pas le tempérament pour rester ainsi s’occuper à la besogne. Il rêve d’aventures, de contacts…

Le service militaire lui a donné l’occasion d’expériences et de voir du pays, comme on dit par chez nous, et les campagnes menées pendant près de deux ans l’ont imprégné de ce besoin d’aventures.

Le 2 mai 1912, il part pour Bou Arada (Tunisie) comme facteur, un gros centre agricole créé en 1907 et situé à 70 kilomètres au sud-ouest de Tunis.

Le 25 juin 1912, il est domicilié à Djerissa (Tunisie), une ville qui s’est développée autour de l’exploitation de la plus importante mine de fer du pays, gérée par la Société du Djebel Djerissa depuis 1907, et située à 150 kilomètres au sud-ouest de Tunis. .

Le 24 septembre 1912, Pierre-Marius JAFFEUX est de retour à Thuret. Peut-être a-t’il eu le mal du pays ? Peut-être qu’un changement trop brutal de son mode de vie a provoqué chez lui une perte de repères ? Toujours est-il, le revoilà revenu dans sa Limagne natale…

Le 12 avril 1913, il contracte mariage avec une jeune fille de Maringues (Puy-de-Dôme), dénommée Eugénie DELAIRE, agée de 3 ans de moins que lui.

Le 1er mars 1914 naît sa fille Régine. Pierre-Marius est alors âgé de 27 ans.

Le 3 août 1914, Pierre-Marius vit un événement important. La guerre vient d’éclater. Mobilisé, il est envoyé sur le front, arrive au corps le 4 août 1914 et fera campagne contre l’Allemagne jusqu’au 3 avril 1919.

Nommé Caporal le 9 septembre 1914, il est de tous les combats. Il est cité à l’ordre du Bataillon N° 12 le 4 mars 1915 « Etant en reconnaissance avec sa section, a accompli sa mission malgré un feu violent de l’infanterie allemande ».

Dans un déluge de fer et de feu, Pierre-Marius JAFFEUX sera blessé le 1er mars 1916 à Badonvillers (Meurthe-et-Moselle), contusion lombaire et commotion par torpille.

Nommé sergent le 26 mars 1917, il est à nouveau cité à l’ordre du régiment en octobre 1917 n° 278 « Très bon sous-officier sur le front depuis le début de la campagne. A toujours fait preuve de beaucoup de courage et de sang froid particulièrement dans la journée du 17 septembre en maintenant sa section sous un violent bombardement par engins de tranchées.« 

Le 29 septembre 1918, il subit à nouveau la violence des tirs ; il est blessé au Bois de l’Echelle à Cernay-en-Dormois (Marne) par éclats d’obus à la tête et à l’épaule droite.

Démobilisé du service actif par le Dépôt du 105ème Régiment d’infanterie le 4 avril 1919, Pierre-Marius rentre enfin chez lui, à Maringues pour retrouver sa femme Eugénie et sa fille Régine. Mais il ne rentre pas indemne de ces durs combats. La Commission spéciale de Réforme de Clermont du 5 novembre 1919 lui proposera une pension temporaire d’invalidité de 10 % pour « Névralgie sciatique gauche et Cicatrice scapulaire droite. »

Le 26 juillet 1920, sa femme le comblera en lui offrant la venue d’un nouvel enfant, un garçon prénommé René. Pierre-Marius a alors 34 ans.

La Médaille militaire lui sera attribuée dix ans plus tard, par Décret le 27 juillet 1930.

En 1931 Pierre et Eugénie habitent à Maringues (63210) au lieudit Les Gaulards.

Il figure dans le recensement effectué en 1932 et 1936 à Maringues (63210) – (Puy-de-Dôme). A partir de cette date, nous avons perdu sa trace.

Pierre Marius JAFFEUX est donc décédé après 1936, à l’âge de 49 ans au moins.